Ruth Bader Ginsburg, figure de proue du camp progressiste à la Cour suprême des États-Unis, est décédée vendredi à l’âge de 87 ans, a annoncé la Cour, ouvrant une bataille pour sa succession qui devrait lourdement peser sur l’élection présidentielle américaine.
Championne des droits des femmes devenue une icône pour les libéraux américains, Ruth Bader Ginsburg, qui siégeait depuis 1993 à la Cour suprême, est morte à son domicile de Washington de complications dues à un cancer du pancréas, a précisé la Cour dans un communiqué.
Sa disparition pourrait avoir un impact majeur sur la composition de la Cour suprême, arbitre de tous les grands dossiers sociétaux américains, où les conservateurs disposent déjà d’une courte majorité de 5 juges contre 4.
“Notre pays a perdu une juriste d’une valeur historique”, a commenté le président de la Cour suprême, le juge John Roberts. “Nous sommes en deuil, mais avec la conviction que les générations futures se souviendront de Ruth Bader Ginsburg telle que nous la connaissions – une défenseure de la justice infatigable et déterminée.”
Donald Trump, qui briguera un second mandat le 3 novembre, a déjà nommé deux juges de la Cour suprême, Neil Gorsuch en 2017 et Brett Kavanaugh à 2018.
“Notre pays pleure aujourd’hui la mort d’une géante de la loi”, a réagi dans un communiqué Donald Trump qui, lors de la campagne de 2016, avait appelé Ginsburg à démissionner de son poste.
Le président des Etats-Unis n’a pas tardé à annoncer qu’il allait désigner “sans délai” le juge qui va lui succéder.
“Nous avons été portés au pouvoir pour prendre des décisions en faveur des gens qui nous ont élus, dont la plus importante est depuis longtemps considérée comme le choix des juges de la Cour suprême des Etats-Unis”, a écrit Donald Trump sur son compte Twitter, en s’adressant aux dirigeants républicains. “Nous avons cette obligation, sans délai!”
Le remplacement de Ginsburg nécessitera l’accord du Sénat, où les républicains disposent d’une majorité de 53 sièges sur 100. Le chef de la majorité républicaine, Mitch McConnell, a d’ores et déjà annoncé qu’il soumettrait au vote le nom de tout candidat présenté par Donald Trump.
BATAILLE SOCIÉTALE EN VUE
Confronté à une situation similaire il y a quatre ans, dans les derniers mois de la présidence du démocrate Barack Obama, le même Mitch McConnell avait pourtant refusé de soumettre au vote de confirmation du Sénat la candidature du juge centriste Merrick Garland, proposé par la Maison blanche pour remplacer le conservateur Antonin Scalia, décédé en février 2016.
Des responsables démocrates ont aussitôt dénoncé l’hypocrisie du chef de la majorité sénatoriale républicaine, leur candidat à la présidentielle, Joe Biden, estimant pour sa part qu’il incombait au futur président de désigner le nouveau juge suprême.
“Il ne fait aucun doute – que cela soit bien clair – que les électeurs doivent choisir le président et que le président doit désigner le candidat à la Cour suprême qu’il soumettra au Sénat”, a déclaré Joe Biden à la presse dans l’Etat du Delaware où il faisait campagne.
Selon la radio NPR, Ginsburg a dicté avant son décès un communiqué dans lequel elle dit: “Mon voeu le plus cher est de ne pas être remplacée avant qu’un nouveau président ait pris ses fonctions.”
Après l’annonce de sa mort, une foule d’Américains se sont pressés devant le bâtiment de la Cour suprême pour lui rendre un dernier hommage avec des bougies, des fleurs ou des drapeaux arc-en-ciel de la communauté LGBT dont elle était une fervente défenseure.
Aux Etats-Unis, la Cour suprême joue un rôle fondamental dans la définition des droits des citoyens, notamment en matière d’avortement, d’égalité entre les sexes, de liberté religieuse ou de port des armes.
L’enjeu de la nomination d’un nouveau juge conservateur par Donald Trump devrait donc galvaniser sa base électorale avant le scrutin du 3 novembre qui devrait prendre l’allure d’une bataille sociétale.
Le président américain n’a pas encore avancé de nom, mais il avait déjà fait circuler il y a deux semaines une liste de candidats potentiels, tous conservateurs, hostiles par exemple à l’avortement et favorables au port des armes.
Compte tenu des enjeux électoraux, notamment la conquête du vote féminin, certains observateurs s’attendent à ce que le locataire de la Maison blanche désigne une femme pour succéder à Ginsburg. En tête de liste figure Amy Coney Barrett, une juge conservatrice de Chicago dont le nom avait déjà été cité avant la nomination de Brett Kavanaugh en 2018.
Source : https://www.tap.info.tn/